Un mieux, un rêve, un cheval

Du ciel dévale
Un désir qui nous emballe
Pour demain nos enfants pâles
Un mieux, un rêve, un cheval

Alain Souchon – Foule sentimentale – 1993

Bad crap that works – de la merde qui fonctionne trop bien. Voilà qui résume ma pensée quand on me demande mon avis sur la publicité aujourd’hui. C’est la médiocrité quotidiennement au rendez-vous. Dans la rue et sur vos écrans, petits, grands et mobiles. C’est malheureux, mais c’est la réalité. Elle est là, omniprésente, épouvantablement mauvaise et, contre toute attente, elle influence nos vies.

Elle se renouvelle chaque matin. Bien vivante. Bien grouillante. Bien heureuse de vous revoir.

La publicité charrie encore et toujours des stéréotypes dépassés, dégradants et malaisants. Elle vend du vent et des désirs qui nous affligent. Elle a trop peu souvent, très rarement en fait, la conscience tranquille. C’est désolant, car c’est elle qui propulse avec brio notre société. Notre société de consommation.

Pourquoi? Parce que vous êtes, nous sommes encore et toujours des foules sentimentales. C’est plus fort que nous (Je dis « nous », car je suis un consommateur avant d’être un publicitaire. J’ai, Dieu merci, ce détachement nécessaire). La consommation, c’est le nouvel opium du peuple. C’est notre façon, parfois consciente, parfois inconsciente, de nous détourner de nos petites et grandes misères. Nous y succombons tous avec une certaine allégresse. Bien sûr, certains y voient beaucoup d’avantages et très peu d’inconvénients.

Alors moi, publicitaire, je fais quoi? Je vous promets un cheval qui n’arrivera jamais? J’ai décidé que non. Pas de promesse. Pas de faux-semblant. Pas de faux cul. Je n’y crois pas.

Alors quoi?

Bien alors, si la publicité est un des pouvoirs qui façonnent ce bas monde, je pense que si on s’y mettait, nous, publicitaires, pourrions très facilement changer la donne. Nous pourrions utiliser ce pouvoir pour nous façonner une nouvelle société. Une société plus juste, plus saine, plus durable. Pour ça, il ne faut plus jamais avoir la langue de bois. Il faut commencer par dire les vraies affaires. Je sais, c’est difficile. Surtout quand il y a beaucoup de piastres à faire dans le modèle actuel. Oui, je sais… Faire l’autruche, c’est payant… Faut surtout pas perdre un client… Faut pas déranger l’ordre établi des choses. Il faut pourtant casser le moule. Le sacrer au bout de ses bras. Foutre le bordel. Il faut dorénavant profiter de toutes les occasions qui s’offrent à nous pour faire une différence. Pour se donner des ailes. Des vraies.

Et surtout, pour ne pas faire honte à nos enfants.

Ce que je n’ai jamais dit à personne:
Parmi tous les futurs que le passé nous réservait, le futur où Facebook existe me déprime royalement. Mais ne vous inquiétez pas, ce futur présent me permet justement d’en imaginer un autre. Vous voyez? Même ce qui me déprime devient chez moi source d’inspiration, c’est tout dire.

 

Publié dans Infopresse le 16 avril 2015

Laisser un commentaire

Entrer les renseignements ci-dessous ou cliquer sur une icône pour ouvrir une session :

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s