La beauté du geste

Je sais, je sais. Je me répète souvent. Un peu pour m’assurer que vous avez compris. Un peu pour me rassurer aussi. Mais c’est aussi et surtout pour m’assurer que vous avez compris la bonne affaire, l’affaire importante. Le message, quoi.

Des fois que vous vous auriez enfargé dans les fleurs du tapis ou dans mes cabotinages parfois un tantinet baveux. Ça, c’est pour vous savoir bien vivant, que ça au fond. Juré craché.

Bref, je me répète. Parfois.

Aujourd’hui, pas d’exception. S’il y a un truc que j’ai compris en faisant ce boulot, et que je dis et redis à qui veut bien m’entendre ou me lire, c’est que nous avons une position exceptionnelle en tant que publicitaires et directeurs du marketing. Celle de pouvoir influencer notre société.

Ou non. Ou mal.

C’est ça qui me tue. Ne pas comprendre ou tout simplement ignorer ce pouvoir. Ou pire, l’utiliser à mal ou innocemment, maladroitement. À voir l’ensemble de notre oeuvre collective, c’est plutôt pas jojo. Pas pour rien que dans l’imaginaire collectif, nous et les marchands du temple, c’est un.

– Holà Dom, encore sur tes grands chevaux. Vraiment, moi? Influencer la société, je ne fais que de la pub.

Pas que de la pub justement. Mettre en marché ou promouvoir des produits et des services, c’est aussi mettre en marché des marques et leurs valeurs. Et nous savons depuis belle lurette que les marques ont un pouvoir d’influence gigantesque sur le comportement des individus. Chaque prise de parole a son impact et son influence. Imaginez maintenant l’ensemble des prises de paroles d’une grande marque. Ça ne fait surtout pas dans la dentelle en matière d’influence et de transmission de valeurs. Plutôt dans le genre tonne de briques si vous voulez mon avis. Et cette tonne de briques, eh bien, c’est nous qui la fabriquons.

– Ok, mais je fais quoi? Pis bien influencer la société, l’on fait ça comment déjà? Me convertir au macramé?

Hé, hé. Non pas. Les boomers ont déjà donné dans la chose quand ils étaient jeunes, beaux et sans le sou. Plus besoin d’être granola, pis d’avoir une fleur dans les cheveux pour faire mieux. Bien influencer notre société, c’est pas sorcier. C’est faire mieux et faire faire mieux. En tout et en tout temps. Dans la manière, souvent, et dans les actions aussi. Pour y arriver, et bien, il suffit de le vouloir. Le vouloir pour vrai.

Et de créer l’opportunité de le faire. Et ça, c’est la clé. C’est ce qu’il faut retenir ici. C’est la seule chose à dire aujourd’hui. Le SMIM au menu du jour.

Pour ce qui est de la manière, un grand conseil pour aborder les initiatives de marketing: l’honnêteté. Naturellement pas toutes les campagnes ou les marques sont des initiatives éco ou équitables. Ce n’est pas tous les jours qu’on fait une pub de Tesla ou de Monsieur Suzuki. Trop facile. Faut faire avec la vraie vie. Celle avec 50 nuances de gris. Ça fait que quand tu veux vendre, disons des nouilles au fromage, tu peux y aller à fond dans le bon manger ou être honnête, pas prendre le consommateur pour un cave, saisir l’occasion, puis lui offrir un plaisir coupable. Le choix devient éclairé, sensible. Mais c’est certain aussi que tu peux y aller avec un USP bidon façon 1950. Ce qu’on peut encore voir d’ailleurs à la télé tous les soirs de la vie 65 ans plus tard. Pas fort. Des leçons d’histoire de la pub quelqu’un?

Chaque geste compte. Chaque initiative honnête contribue à un moins grand scepticisme du consommateur envers les marques. Chaque geste honnête, responsable et transparent contribue à une moins grande noirceur sociale. Être intelligent et juste c’est pas si difficile. Et c’est très payant. Faut peut-être travailler un peu plus fort tout de même. C’est à nous d’y voir. Suffit de créer l’occasion et d’attacher sa tuque avec de la broche.

Ou s’enchaîner au gouvernail. C’est selon.

Mais ce n’est pas tout, il y a aussi les actions concrètes, là, c’est plus délicat. Ça requiert soit plus de courage pour les proposer ou parfois plus d’imagination quand il faut les inventer de toutes pièces. Ici, nous avons le devoir d’amorcer le geste.

Toutes les marques peuvent contribuer dans leurs actions quotidiennes à une société plus saine. Naturellement, dans leurs actions sociales et environnementales, qu’elles soient internes ou externes (ça, c’est dans l’air du temps et c’est très bien ainsi), mais aussi et souvent dans une multitude de petites décisions d’affaires au quotidien. C’est ici que vous et moi pouvons faire une différence majeure. N’oubliez jamais que nous avons un privilège inouï, celui de côtoyer les décideurs, les grands patrons. Ce n’est pas rien. Cette place ce conseiller d’affaires est à prendre. Et c’est là, à mon humble avis, que tout se joue.

Nous le savons dorénavant, une marque qui n’intègre pas de pratiques responsables est vite jugée par ses pairs, par ses clients et par le tribunal des réseaux sociaux. C’est à nous de les guider dans cette nouvelle réalité. De l’agence ou de l’interne.

Ayez l’audace de vos idées. Un conseil stratégique, une bonne idée, une initiative responsable et rentable (eh oui) est toujours écouté. Souvent entériné. Je le sais par expérience. Il suffit maintenant que ce conseil soit le bon. Et qu’il soit viable naturellement. Faut pas faire n’importe quoi sans comprendre le contexte économique actuel. Faut quand même être visionnaire un tant soit peu quand même, bordel de merde!

Nous sommes des acteurs de changements importants. Pas que des marchands du temple. C’est à nous d’oser le beau geste. Et c’est payant pour tous, au sens figuré comme au sens propre, pour l’agence, le client, son client et la société. Ah oui, ça, je l’ai déjà mentionné.

Scusez-là.

 

Publié dans Infopresse le 30 mars 2015

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