Permettez-moi de me citer au sujet de cette dernière, car c’est d’elle dont je veux vous entretenir aujourd’hui:
«Elle (l’Agence Nouvelle) existe dans l’unique but d’engendrer et de propulser une AUTRE société de consommation, celle en synchronisme avec les aspirations des nouvelles générations de consommateurs et avec les réalités économiques, sociales et environnementales de ce nouveau siècle.»
Une petite phrase déjà surement oubliée dans une cacophonie de mots et d’interprétations douteuses et parfois burlesques. Mais si importante.
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Un peu de contexte, parce que le contexte, c’est essentiel et c’est ce qui compte vraiment:
La planète est mal en point, c’est indéniable. À moins d’habiter sous une roche comme Patrick, les signes sont visibles partout. La pauvreté grandissante, l’environnement malmené, l’économie mondiale en déroute, la surconsommation à brides abattues, l’obsolescence érigée en système… Le tableau n’est pas super jojo.
Les gens changent, c’est indéniable. L’immobilisme dans toutes les sphères de la société n’est plus supportable, pensable ou envisageable. Donc, le Citoyen se réveille. Il a dorénavant conscience de son pouvoir d’influence grandissant. Il désire mieux, en tout: et c’est tant mieux.
Les gens d’affaires aussi changent. Après tout, eux aussi sont Citoyens. Et certains ont du flair, il faut bien le dire. C’est rassurant et c’est bien ainsi.
Cet état du «monde» nous incite plus que jamais à réfléchir sur notre métier de manière constante et beaucoup plus en profondeur qu’auparavant. Regarder le passé, le présent, comprendre la pratique et l’évaluer dans son contexte réel, sur le terrain. Et non par la bêtise d’un système de valeurs inventées de toutes pièces par nous, publicitaires. Trop facile, trop bête, trop de temps perdu.
C’est vrai, j’oubliais. Il y a pire aussi: surfer la vague aveuglément et ne prendre que son profit et son pied, ça aussi, c’est trop bête.
La récréation est donc terminée.
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L’agence du XXe siècle avait un but. Le brief était clair, et la job a été bien faite. Bravo gang, bien joué.
Aujourd’hui, le brief est tout autre. Il y a maintenant une nouvelle job à accomplir. Une nouvelle société à définir, bâtir, à propulser, petit à petit, gestes après gestes pour demain. Nous en avons le pouvoir, nous l’avons déjà démontré. Il suffit maintenant de le vouloir. Le statu quo n’est pas une option pour notre industrie. Quand le monde change, nous devons changer aussi.
Et de grâce, ne me parlez pas de vos pro-bonos. Notre avenir à tous ne se «bargine» pas seulement à coup d’indulgences. Ce n’est pas assez.
Pour participer à cette grande aventure, l’Agence Nouvelle doit entièrement se repenser, se réinventer. De fond en comble. Tant au chapitre de sa mission, sa structure, son offre, son modèle financier. C’est la toute première phase. C’est notre Oeuvre au noir.
Sa mission est évidente. Elle doit être agent de changement tout en propulsant une société de consommation réinventé, plus saine, plus responsable et en y contribuant. Tout est à définir naturellement. Je suggère ici d’y travailler ensemble: Agence-Entreprises-Consommateurs XYZ. C’est un boulot colossal et il va falloir me/nous/vous remettre en question. Ça ne sera pas toujours facile.
Dès lors, tout est à revoir.
Son offre doit être multiple et en constante mutation pour mieux servir et conseiller ses clients. Elle n’est surtout pas restreinte à un seul média. Elle doit savoir tout faire pour ses clients pour ne faire que ce qui est essentiel, éminemment efficace, pertinent et responsable. Les dogmes n’y sont surtout pas les bienvenus, car l’agence dogmatique ne peut qu’être centrée sur elle-même. Et la technologie est à son service et non l’inverse.
Sa structure d’affaires, ou disons plutôt «humaine», sera agile, matricielle, totalement collaborative, emphatique et à l’écoute de tout un chacun. Le système de castes fermées (stratèges, créatifs à la paire et conseillers) est obsolète et à revoir complètement. Et surtout, oubliez la pyramide organisationnelle. Une architecture ouverte en constante mutation et horizontale est à prendre. Cette nouvelle réalité qui intègre les clients, l’agence et les artisans permettra de bâtir de nouvelles solutions en commun, au quotidien, pour vrai. Car cette symbiose réelle entre les acteurs en place constitue la clé de voûte de cette nouvelle construction.
Le lieu n’existe donc plus. Du moins, le lieu unique. Le concept même de la collaboration invite la Nouvelle Agence à repenser sa présence physique. Elle n’est plus aussi nécessaire quand l’organisation du travail est horizontale et que les artisans qui y contribuent proviennent de partout. Le nombre de salariés et d’ordinateurs sous un même toit ne représente donc plus LE gage de réussite. C’est plutôt sa capacité d’être rassembleuse et innovante qui va lui permettre de remplir sa nouvelle mission.
Pour réellement réaliser des changements profonds dans les méthodes de travail, de nouveaux modèles financiers sont aussi à inventer. Des modèles plus justes où l’argent y sera redistribué à ceux qui y travaillent vraiment. Plus sains aussi et moins lourds à soutenir. L’augmentation artificielle des profits d’année en année constitue un principe qui commence à être sérieusement remis en question par plusieurs. Ici aussi, le chantier est grand. Rien de tout cuit dans le bec, je vous jure.
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Mille mots pour exprimer ma pensée et les idées qui animent plusieurs de mes collègues/collaborateurs en ce début d’année. C’est peu et c’est beaucoup à la fois. C’est surtout motivant de donner du sens à sa pratique et de désirer contribuer à quelque chose de plus grand que soi. Je vous laisse sur ceci aujourd’hui:
Nous sommes à une époque où l’innovation est probablement la clé de notre avenir commun. Et la capacité d’innover passe nécessairement par la réinvention constante de l’individu, de sa pensée et de sa manière de faire les choses. Transformer le plomb et la merde environnante en or, c’est un beau projet. C’est à nous tous d’y voir.
Dorénavant, comme dirait l’autre.
Publié dans Infopresse le 5 janvier 2015.